Fondements

ÉTHIQUE

(en latin ethica, - mœurs)

mot synonyme de MORALE, dont il ne diffère que parce qu’il est dérivé du grec, tandis que MORALE est de source latine.

Quant au sens, il est exactement le même : ces deux mots servant à désigner cette partie de la philosophie qui traite de l’activité humaine, de la loi qui lui est imposée et des moyens de la conduire à l’accomplissement de cette loi.

Le mot éthique à vieilli. Dans l’école, on se servait du mot ethice, plus usité dans les auteurs latins ; c’est pour cette raison que le mot éthique a survécu quelque temps dans la langue de la philosophie : il n’a jamais eu cours dans la langue usuelle, et maintenant même il est à peu près banni de la première. 

 

DÉONTOLOGIE

(Devoir de ce qui convient et discours). Nom donné par BENTHAM à la science du devoir, à la morale. A l’exemple d’Épicure , de Hobes, d’Helvétius, BENTHAM enseigne sans détour, qu’il n’y a pas d’AUTRE RÈGLE POUR L’HOMME que l’UTILITÉ, l’INTÉRÊT bien entendu, que les mots CONSCIENCE, BIEN MORAL, OBLIGATION MORALE, n’ont pas de sens : «ce sont dit-il des mots vagues et ambigus, imaginés par les spiritualistes pour cacher le défaut de leur système».

Il semble que, dans une telle doctrine, il ne saurait y avoir lieu à aucun enseignement moral ; cependant, on peut, même en bornant la destinée de l’homme à la recherche de l’utile, du bonheur, enseigner les moyens les plus propres à atteindre ce but. D’ailleurs l’auteur, par une contradiction honorable pour son cœur ajoute à la prudence, seule vertu qui doive trouver place dans son système, une vertu plus noble qui contre-balance les fâcheux effets des calculs intéressés, la bienveillance.

L’examen et la critique du système de morale abordés avec talent par Jouffroy. Ce système d’égoïsme avait déjà été foudroyé par Platon, Cicéron, JJ Rousseau, Benjamin-Constant et M. Cousin. Tout en condamnant avec eux une doctrine qui ravale l’homme en lui enlevant sa plus noble prérogative, la connaissance et l’amour du bien et du beau et qui détruit tout enthousiasme et tout dévouement, nous n’en reconnaîtrons pas moins qu’à n’envisager la DÉONTOLOGIE de BENTHAM qu’au point de vue de l’auteur, c’est-à-dire comme un code des règles à suivre pour assurer le bonheur de l’homme individuel et social, on y trouve d’excellents conseils qui peuvent influer de la manière la plus heureuse sur la CONDUITE DE LA VIE .

La déontologie fait partie des œuvres posthumes de BENTHAM, dont la publication est due au docteur BOWRING. Elle a paru à Londres un an après la mort de l’auteur (1833) et a été traduite en français par Benjamin LAROCHE.

 

MORAL

On donne cette épithète non seulement à tout ce qui est conforme aux mœurs, mais encore à tout ce qui les concerne.. Souvent on va même plus loin, et on appelle moral ce qui n’est pas physique : on dit les intérêts moraux de la société, pour désigner tous ceux de ces intérêts qui ne sont pas purement matériels. On appelle immoral non pas tout ce qui ne se rapporte pas au mœurs, mais tout ce qui leur est contraire. La LOI MORALE est le principe suprême qui règle les mœurs sous le point de vue du devoir, et la doctrine morale est l’ensemble des préceptes qui découlent de ce principe. Cette doctrine s’appelle plus simplement la MORALE ; celui qui l’enseigne est un moraliste : la moralité est le caractère distinctif des actes qu’il prescrit.

On entend par certitude morale une certitude fondée sur de fortes probabilités, telle qu’on peut l’avoir dans les choses ordinaires de la vie. Il est opposé à certitude physique. Quand la démonstration rigoureuse manque, la certitude morale la remplace souvent.

 

MORALE

Science des mœurs, considérée sous le point de vue de l’obligation morale. Elle se distingue en deux parties, l’une générale, l’autre spéciale.

La première qui n’est qu’une introduction à la seconde, mais qui est réellement la plus importante des deux, EXAMINE LES GRANDES QUESTIONS DU DEVOIR en général, et par conséquent celles de l’OBLIGATION, celles DU BIEN ET DU MAL MORAL DES MOTIFS DE NOS ACTIONS, de la LOI SUPRÊME QUI LES DOMINE, du SOUVERAIN BIEN qu’elle a pour but de réaliser, de la CONSCIENCE dans ses RAPPORTS AVEC LA RAISON qui est son principal interprète et enfin la question de la VERTU qui est dans la vie de l’homme l’expression la plus pure de la morale.

La seconde partie de cette science, la partie spéciale n’est que l’application des principes généraux que pose la première : c’est la THÉORIE DES DEVOIRS ;

On la divise communément en trois sections  :
    -    la première embrasse nos devoirs envers nous-même,
    -    la seconde nos devoirs envers les autres hommes
    -    la troisième, nos devoirs envers Dieu.

 - On voit que la première de ces sections touche essentiellement à la philosophie ;
 - La seconde à la politique
 - La troisième à la religion.

On voit aussi que toute la partie générale de cette science, toute la doctrine du devoir tient à la philosophie.

On a longtemps confondu la morale, tantôt avec la philosophie, tantôt avec la religion, tantôt avec la politique, mais malgré ses rapports intimes avec ces trois grandes sciences, elle forme une étude à part ; elle a ses principes propres ; elle repose non seulement sur toutes les grandes facultés de l’âme, l’intelligence, la sensibilité et la liberté mais, au nom de cette dernière, elle fonde toute notre destinée. Elle a la mission de régler toute la vie de l’homme. La morale est si bien une science indépendante qu’à son tour elle juge la religion, la philosophie et la politique et qu’elle les contrôle, comme elle est jugée et contrôlée par elles. Ce n’est pas seulement en vertu des facultés les plus fondamentales de l’homme, l’intelligence et la liberté, qu’elle se constitue  c’est aussi en vertu de la loi suprême du monde moral, loi que l’auteur de ce monde a donné à notre conscience c’est-à-dire à notre raison appliquée à la question du bien et du mal, (morale chrétienne).

L’indépendance et la suprématie de la morale sont donc également légitimes. Mais il est rare que la morale, la religion, la philosophie et la politique soient réellement indépendantes les unes des autres. Il est rare que la politique soit immorale, que la philosophie soit antireligieuse, que la religion soit ennemie de la philosophie, que la morale soit l’adversaire de la religion, de la politique ou de la philosophie. On a vu néanmoins des religions immorales, des systèmes de politique et de philosophie immoraux.

Si dans les temps ordinaires, dans ceux d’un développement régulier et pacifiquement progressif, il y a harmonie entre ces doctrines, il y a désaccord aux époques de crises, de révolutions et de réformes, en un mot dans l’état de civilisation agitée.

Au début des sociétés, la religion domine à tel point la morale, la politique et les premiers essais de spéculation, qu’il n’y a dans ces dernières doctrines ni élément de résistance, ni tendance d’opposition contre la première. A ces époques, la morale n’a pas de principes à elle, pas d’interprètes, pas d’autorité propre. Mais aussitôt que se développent les institutions politiques et que la philosophie commence à poser ses doctrines, la morale acquiert plus d’importance ; elle trouve alors sa place dans les enseignements que donnent la religion, la politique et la philosophie ; mais elle ne parvient à se faire reconnaître dans toute son autorité qu’au sein d’une civilisation complète. Enfin, elle forme une des sciences les plus importantes et son appui  est également recherché de l’État et de l’Église : elle a non seulement son principe souverain, ses maximes absolues ; elle a ses interprètes spéciaux et une immense influence sur les destinées publiques des nations. Depuis trois siècles, puis la Renaissance, elle marche parmi nous à ces conquêtes ; elle les fait lentement, elle ne les a encore achevées nulle part.

La seule Écosse a su lui donner des chaires spéciales dès le commencement du dernier siècle ; ailleurs, la morale est enseignée sous la tutelle de la métaphysique ou de la théologie ou bien elle est  à peine enseignée ; elle ne l’est qu’à la jeunesse. C’est là une des lacunes les plus profondes de l’enseignement moderne.

La morale doit être exposée sous toutes les formes, sous la forme populaire comme sous la forme systématique et toujours avec un soin proportionné à son importance. Elle doit toujours s’appliquer à l’état social du pays, à la politique, mais en la dominant. Ainsi l’enseignaient Socrate, Platon, Aristote, Cicéron. La morale enseignée comme elle doit l’être est à la fois le plus puissant auxiliaire de la religion et de la politique et le plus glorieux triomphe de la philosophie. 

DICTIONNAIRE DE
 LA CONVERSATION  ET DE LA LECTURE 1863

 
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