Paris, le lundi 13 février
2017 – Depuis le début de l’année, les syndicats de
médecins libéraux ont relancé leur appel au boycott du tiers
payant. Ce refus du dispositif concerne jusqu’aux patients
prix en charge à 100 % par la Sécurité sociale (Affections
longue durée, grossesse), pour lesquels l’application du
tiers payant sur la part « Sécurité sociale » est pourtant
obligatoire depuis le 1er janvier 2017. Les messages des
syndicats ne sont pas unanimement entendus. Régulièrement,
l’Assurance maladie peut se féliciter de constater une
progression du tiers payant. Une hausse a notamment été
observée depuis le mois de juillet, date à laquelle le tiers
payant est devenu possible pour les patients couverts à 100
%. Cette progression de l’application de la dispense
d’avance de frais répond probablement en grande partie à
trois facteurs. D’abord, les logiciels de télétransmission
ont par défaut intégré les différentes étapes du tiers
payant fixées par les pouvoirs publics. Ainsi, le 1er
janvier 2017, les médecins qui n’avaient pas débrayé
manuellement leur logiciel ont pu par erreur être réglé deux
fois : une fois par le patient et une seconde fois par la
caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) auprès de
laquelle l’acte avait été enregistré comme réalisé en tiers
payant. Ce que les syndicats ont dénoncé comme un « forçage
» a cependant probablement conduit un nombre non négligeable
de professionnels de santé à se convertir malgré eux au
tiers payant.
La pression des patients
D’autre part, les praticiens, en dépit d’une opposition
marquée au principe du tiers payant, peuvent aujourd’hui
décider de répondre à une demande de leurs patients.
Parallèlement aux campagnes des pouvoirs publics, mais aussi
à la diminution des remboursements réalisés par les
mutuelles (dans le cadre de la réforme du contrat
responsable), les patients sont en effet de plus en plus
nombreux à se montrer sensibles à la conformation ou non de
leur médecin avec certains dispositifs. Enfin, il n’est pas
impossible, qu’alors que les relations entre les caisses et
les praticiens libéraux sont considérées comme de plus en
plus tendues, les médecins aient voulu parer à toutes
représailles. Pourtant, les syndicats, tel MG France,
promettent qu’il n’existera pas de sanctions.
Pas de sanction, sauf quand le tiers payant est refusé
aux patients relevant de l’AME ou la CMU.
De fait, le ministre de la Santé pendant l’élaboration de la
loi avait promis qu’aucune sanction ne serait précisée.
Promesse tenue, la loi de santé se montre muette sur le
sujet. A l’occasion des négociations conventionnelles, le
sujet n’est pas plus revenu (même si a été rapidement
suggérée l’idée que les praticiens appliquant le tiers
payant pourraient recevoir un bonus au titre de la
Rémunération sur objectif de santé publique, une proposition
aussi vite abandonnée). Aujourd’hui, dans le Quotidien du
médecin, l’Assurance maladie affirme encore une fois
qu’aucune mesure de rétorsion n’est envisagée pour les
médecins n’appliquant pas le tiers payant, à l’exception des
cas où la dispense d’avance de frais est refusée aux
bénéficiaires de la CMU-C ou de l’Aide médicale d’Etat (AME)
; ces manquements sont en effet prohibés par la convention.
Qui vivra, verra…
Cette absence de sanction sera-t-elle définitive ? Les
médecins peuvent en tout état de cause attendre les
résultats des prochaines élections présidentielles pour
estimer si un jour l’absence de dispense d’avance de frais
pourrait être l’objet de sanctions. De même, la pression
exercée par une partie des patients (Le Collectif inter
associatif des associations de santé déplore fortement
l’absence de sanctions) pourrait s’amenuiser si le paysage
politique était profondément modifié et le champ d’action de
la Sécurité sociale et des mutuelles réorganisé.