Collectif des anesthésistes  

VANNES, le lundi 03 novembre 2003

       du Grand Ouest
 

à Monsieur le Président du SNARF

185, rue Saint-Maur

75 010    PARIS

En recommandé avec AR

 

Monsieur le Président, cher confrère,

Nous sommes déjà le 3 novembre 2003, et voici maintenant deux mois que la page d’accueil du site du SNARF, est toujours aussi désespérément vide, depuis la lettre du 2 septembre 2003.

La catastrophe annoncée de la parution du RCM (merci au CSMF) est survenue, nous avons tous reçu la lettre de notre CPAM nous en informant, et…nous tournant vers nos représentants syndicaux à la recherche d’une explication, d’une lueur d’espoir, d’une invitation au combat, nous ne trouvons RIEN !

            Ne disposant plus d’un Forum d’expression libre au sein du SNARF, coupant ainsi nos représentants syndicaux de leur base avec tous les risques de représentativité que cela comporte (les propos orduriers qu’on a pu rencontrer sur cette plate-forme, n’ont jamais souillé que ceux qui les y avaient mis !), nous vous adressons donc cette lettre ouverte, qui nous l’espérons vous fera prendre conscience de l’ampleur du malaise qui règne dans la profession.

           

            Fiers de notre profession, nous ne reviendrons pas sur les progrès réalisés en 20 ans, en matière de sécurité et de qualité des soins, que nous avons été capables de mettre en œuvre, tant en secteur privé que public. Qu’en avons nous retiré dans le secteur privé ?

- une considération accrue de la part de nos patients et de nos confrères chirurgiens ?            NON

- une amélioration de nos conditions de travail ? NON

- une diminution de la pression juridique ? NON

- un allègement de nos contraintes en gardes et astreintes ?                   NON

- une augmentation de nos revenus ?             NON

            Quel bilan le SNARF nous propose t’il après toutes ces années ?

2        Avoir rendu possible le fait que nous soyons la seule spécialité médicale qui se soit vue imposer un travail supplémentaire non rémunéré (la visite pré anesthésique).

3        Avoir permis lors de la réévaluation de la péridurale obstétricale, de nous faire accepter la prise en charge gratuite de la césarienne (lorsque l’on connaît les risques professionnels encourus !).

4        Enfin, cerise sur le gâteau, une mise à l’écart des autres spécialités médicales dans le nouveau RCM, alors que notre formation nécessite l’Internat en Médecine, et que le cursus va même s’allonger d’une année, pour rejoindre celui de nos collègues européens.

Notre niveau de compétence, reconnu dans le monde entier, notre responsabilité professionnelle de plus en plus écrasante, la pénibilité de notre profession, méritent bien autre chose que cela.

Depuis maintenant vingt ans, les caisses tenues par les syndicats, appuyées par les gouvernements successifs (toutes tendances confondues), se sont acharnées à nous faire disparaître, nous les Médecins spécialistes du secteur privé. De libérale, notre Médecine n’a plus que le nom.  Le maintien de nos revenus sur les dix dernières années, ne sont imputables qu’à l’augmentation de notre activité. Nous sommes devenus des tâcherons de la Médecine, capables d’assurer les 2/3 des anesthésies en France avec seulement 1/3 des effectifs. Notre situation n’est plus libérale, mais celle de vacataires payés à l’acte.

La convention en secteur I est un contrat léonin, dont il faut nous extraire au plus vite, en réclamant un espace de liberté tarifaire et une fiscalité assimilée à celle des PME.

Pendant le même temps nos homologues hospitaliers, se sont vu octroyer, et ce à juste titre, les 35h, les RTT, des conditions de travail agréables (une IADE par salle), le repos compensateur, l’exercice privé à l’Hôpital…et ils peuvent féliciter leur syndicat pour les avancées obtenues !

Maintenant que les limites de la viabilité du secteur libéral sont atteintes, le gouvernement s’apprête à nous sacrifier aux Mutualités françaises et autres groupes à but lucratif. Nous ne verrons jamais la couleur de la CCAM, qui servira juste à la mise à niveau tarifaire, puisque la tarification se fera par pathologie.

Le seul vrai combat syndical aujourd’hui est celui pour la survie du secteur libéral en France, en conformité avec les principes fondateurs de notre République :

-    La Liberté d’un exercice libéral accessible à tous,

-    La Fraternité dans l’effort, partagée par tous (la fonction publique comme le privé),

-    L’Égalité de nos droits, bafoués par les caisses.

Le temps des palabres avec le gouvernement et les caisses est passé. Le temps de la remise à niveau et de l’action a sonné.

 Si rien n’est fait pour préserver l’avenir de la Médecine libérale en France, nous disparaîtrons rapidement.

CE COMBAT SERA ALORS LE DERNIER,

MAIS MENONS LE AU MOINS LA TÊTE HAUTE.

 

      Toutes ces choses, Monsieur le Président et cher confrère, vous les connaissez bien mieux que nous, mais sachez que la piétaille des anesthésistes libéraux dont nous sommes, n’est pas dupe. Votre silence ne pourrait-être interprété que comme coupable, et nous saurions alors, quelles conséquences en tirer.

            Bien conscient des grandes difficultés de l’exercice du syndicalisme, pour lequel vous avez postulé, nous vous prions de croire, Monsieur le Président et cher confrère, en l’expression de nos salutations confraternelles.

Des anesthésistes exaspérés