Lettre au Syndicat des Psychiatres Français.

 

 

                              Avignon le 29 Novembre 1999

 

Chers Confrères,

Suite à " La Lettre de la Psychiatrie Française " d'octobre 99, le CA des Psychiatres de Vaucluse a décidé de vous faire part de notre étonnement pouvant atteindre la stupéfaction devant certains propos contenus dans ce bulletin.

Après avoir durant des mois, marqué votre inquiétude justifiée -ô combien ! -et vos réticences vis à vis de la télétransmission, vous nous demandez de nous préparer  en acceptant la carte CPS alors qu'aucun des problèmes soulevés n'a été résolu (on sait que tout système, même crypté, peut être piraté : qu'on pense au Pentagone et au système Sésame Vital qui l'ont déjà été). D'autre part, nous ne pouvons pas ne pas douter de l'utilisation perverse qui en découlerait : ainsi dernièrement, il est apparu à l'Association Fulmedico que le mode de numérotation des FSE permettait de suivre au jour et à la seconde près les consultations des patients chez leur médecin : on voit les possibilités de dérive et de "flicage " possible, ceci n'en est qu'une illustration.

Vous nous demandez donc d'accepter la carte CPS du simple fait de l'arrêté du 12 août 1999. Pourquoi dans cette logique ne pas continuer à entériner toutes les décisions du gouvernement qui pourra ainsi revenir sur les remboursements collectifs d'honoraires, développer a volo les paniers de soins et limiter les possibilités d'accès aux soins.... Accepter la CPS, c'est donner  quitus aux décisions gouvernementales.

Par ailleurs, votre projet sur les psychothérapies (conseil syndical du 18.09.99) est totalement incompréhensible. Le psychiatre deviendrait prescripteur de psychothérapie, " superviseur psychiatrique " des psychothérapeutes. Une psychothérapie, si elle est indiquée, ne se prescrit pas, c'est une aberration. Elle fait partie intégrante de la démarche thérapeutique. De tels propos donnent raison à la FFdP qui défend que le fait d'avoir le diplôme de psychiatre ne présume en rien de la compétence des psychiatres à la fonction de psychothérapeute et à en connaître quelque chose.

Au mieux de lutter contre la disparition progressive du nombre de psychiatres, ce projet ne fait qu'entériner les faits et va dans le sens des cabinets ministériels en nous dépossédant d'une partie inaliénable de notre fonction et de notre art pour le transférer à d'autres comme les médecins généralistes, les infirmiers ou les psychologues à des tarifs au rabais et remboursés. Quelle indécence pour ces derniers qui se trouveraient cantonnés dans une position de subordination inacceptable.

Nous vous écrivons cette lettre car un Syndicat digne de ce nom se doit de représenter les idées de la base. La voix vers laquelle vous êtes en train de vous engager nous paraît s'en écarter dangereusement....dangereusement pour l'avenir de la psychiatrie et des patients qui lui font confiance.

Recevez, Chers Confrères, nos salutations confraternelles.

                      

 

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