Le Syndicat National des Psychiatres Privés nous envoie ce courrier. Nous vous le retransmettons en son intégralité.

 Syndicat National des Psychiatres Privés
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Paris, le 13 janvier 2003

A tous les psychiatres privés

Cher(e) Collègue,

Trahison ! Contrairement à ce qu’une invraisemblable entreprise de désinformation veut laisser croire depuis ce vendredi 10 janvier, le relevé de conclusions qui vient d’être signé entre les Caisses et les Centrales syndicales serait une véritable catastrophe s’il devait servir de base à la prochaine convention : la réforme de la nomenclature est reportée à 2005 ; la consultation de base du spécialiste est simplement arrondie à 23 € ; quant au CNPSY, l’enveloppe provisionnée pour sa revalorisation laisse tout au plus espérer 1,5 € d’augmentation.

Au cours d’une interview (France 2, 10 décembre à 7 h 50 ) J.-F. Mattei soulignait à quel point le travail du psychiatre est mal reconnu et justifie une revalorisation urgente. En fait, au début des négociations de ces 9 et 10 janvier, RIEN n’avait été provisionné par les Caisses pour l’augmentation du CNPSY. Elles pensaient le maintenir à sa valeur actuelle et ce n’est que de haute lutte que la CSMF a obtenu cette ridicule enveloppe de 26 millions d’euros sur deux ans, correspondant à 35 millions d’euros d’augmentation d’honoraires.

Certes, nos revendications étaient ambitieuses. La consultation du psychiatre à 50 € représente un surcoût pour l’assurance maladie d’environ 207 millions d’euros (en comptant les CNPSY effectués par les neurologues). C’est davantage que ce que les Caisses ont concédé pour la revalorisation de toutes les spécialités.

On nous objecte que les Caisses sont vides. Est-il besoin de rappeler que cet argument ne tient pas. Elles l’étaient tout autant quand il a été décidé, sans discuter, d’augmenter la consultation des généralistes à 20 €. Chacun sait que les Caisses sont vides par définition, puisque le principe même du financement de l’assurance maladie suppose de ne les remplir chaque année que du strict montant prévisionnel voté par le Parlement, montant lui même calculé pour entretenir le déficit.

Soyons nets ! Dit-on que les Caisses sont vides et qu’il faut renoncer à payer quand l’Etat décide de renflouer la trésorerie de certaines grandes entreprises nationales après que les imprudences, ou peut-être l’incompétence, de leurs dirigeants les ont vidées ? Non, on ne le dit pas. Dira-t-on que les Caisses sont vides et qu’il faut renoncer à payer si, dans quelques semaines, les tensions internationales devaient dériver vers la décision d’engager les dépenses exorbitantes d’une guerre lointaine, comme l’on peut malheureusement le craindre ? Non, on ne le dira pas.

Pourquoi ? Parce que, contrairement à ce que d’aucuns voudraient nous faire oublier, faisant pour cela appel à notre raison, à notre responsabilité, voire à notre éthique, toutes ces décisions sont essentiellement de nature politique, ce qui veut dire que la question des moyens, sans pour autant être négligeable, reste seconde.

Il en va de même de la décision, parfaitement délibérée, de ne pas revaloriser les honoraires des psychiatres libéraux.  Il s’agit exemplairement là d’une décision politique : 207 millions d’euros d’augmentation des honoraires des psychiatres, ajoutés aux 452 millions actuels (toujours en comptant les CNPSY des neurologues), c’est un effort financier insurmontable si l’on veut, c’est un budget tout à fait accessible si l’on le décide. A titre de comparaison, le montant annuel porté au remboursement des I.R.S., prescrits à 80 % par nos collègues généralistes, dépasse probablement très largement les 500 millions d’euros que dénonçait déjà le rapport Zarifian en 1994. A-t-on jamais entendu dire que ces 500 millions là ne pouvaient pas se trouver depuis que cette classe d’antidépresseurs est apparue ?

Mais alors, décision au service de quelle politique ? Et bien, tout simplement, au service de l’ambition depuis si longtemps annoncée qu’elle s’est maintenant presque banalisée, de faire disparaître la psychiatrie.

Nous en avons déjà des signes suffisamment éloquents : réduction délibérée du nombre de psychiatres en formation, invitation répétée de nos tutelles à transmettre nos compétences à d’autres intervenants moins qualifiés, (à vrai dire pas forcément moins coûteux mais peut-être plus dociles), demandes inlassables de justifications « scientifiques » de l’utilité, voire de la qualité, de nos pratiques dans des formes radicalement inadaptées aux réalités cliniques, démédicalisation du secteur médico-social, renoncement au soin des pathologies chroniques, etc… La liste est encore longue des indices qui, tous, mettent en évidence une intention de déloger le psychiatre de sa fonction soignante pour le reléguer dans un rôle d’expert, diagnostiqueur et superviseur des soins. Après tout, il en va déjà ainsi dans de nombreux pays :  pourquoi pas en France ?

Pourquoi pas, certes ! Mais du moins pas sans consulter les patients qui font confiance à la représentation nationale pour qu’elle leur garantisse des soins de qualité, et qui font tout autant confiance aux psychiatres pour défendre leur place dans le système de soins. Mais tout cela s’organise dans le plus total mépris de ceux qu’il est désormais convenu d’appeler les usagers et, quand bien même ces derniers pourraient avoir l’illusion d’être pris en compte par les pouvoirs publics, ce n’est évidemment pas sur les problèmes de fond qu’ils sont consultés.

Dès ce lundi matin, une délégation du Bureau du SNPP s’est rendue au siège de la CSMF pour exiger des explications. C’est là que nous avons appris que les Caisses partaient sur l’hypothèse d’une revalorisation nulle du CNPSY. Il est désormais clair que, sans nous désolidariser de notre centrale syndicale, notre action doit dès maintenant s’amplifier et se concentrer sur les menaces qui pèsent sur la seule psychiatrie. Depuis des années, nous jouons honnêtement le jeu de la Convention. Cela suffit !

Nous sommes accusés de corporatisme alors que nos honoraires, non seulement sont bloqués depuis huit ans, mais qu’il demeurent les plus bas revenus médicaux depuis trente ans. Assez de revendications qui ne permettent que d’obtenir des aumônes indignes. Osons refuser ce qu’il serait déshonorant d’accepter : 1,5 euros d’augmentation, voilà le prix qu’accorde la société à nos patients. Nous ne pouvons nous faire complice de cela. Nous exigeons un CNPSY à 40 euros immédiatement, soit une enveloppe de 50 millions d’euros supplémentaires par rapport à ce qui a été négocié. 50 millions ont été trouvés pour financer l’assurance responsabilité civile de certains spécialistes ; pourquoi ne se trouveraient-ils pas pour les psychiatres ? Serait-ce que nous sommes soupçonnés de ne dispenser que « des soins banalisés et légers », sans aucune utilité sociale, comme si deux millions de patients nous consultaient sans en avoir besoin. Assez de justifications en pure perte de la psychiatrie privée. Réagissons !

Outre nos consignes antérieurs que nous maintenons (grève de la télétransmission et utilisation large du D.E.), nous lançons immédiatement les actions suivantes :

·         Faxez dès réception de ce courrier la lettre jointe au Ministère de la Santé (fax n° 01.40.56.41.55) et au siège de la CNAM-TS (fax n°  01.42.79.32.99) ainsi qu’au S.N.P.P. après y avoir apposé votre signature et votre cachet. Quand nous aurons reçu un nombre suffisant de courriers, nous pourrons exiger une entrevue avec le Ministre.

·         Retirez-vous immédiatement de tout travail visant à évaluer, justifier, légitimer nos pratiques. Il est désormais clair que tout effort en ce sens ne mène à rien : c’est de l’écrasante demande de soins de nos patients que nos pratiques se justifient et cela doit suffire.

·         Enfin, inscrivez-vous dès maintenant massivement aux Etats Généraux de la Psychiatrie : ce déferlement d’inscriptions précoces traduira sans équivoque le degré de mobilisation des psychiatres libéraux aux yeux des pouvoirs publics qui observent attentivement les préparatifs de cet événement.

Restez mobilisés ! Nous vous proposerons d’autres actions dans les prochains jours.

Bien cordialement,

 

Dr Antoine BESSE

Président du SNPP



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