| Cher(e)
                    Collègue,  Trahison !
                    Contrairement à ce qu’une invraisemblable entreprise de désinformation
                    veut laisser croire depuis ce vendredi 10 janvier, le relevé
                    de conclusions qui vient d’être signé entre les Caisses et
                    les Centrales syndicales serait une véritable catastrophe
                    s’il devait servir de base à la prochaine convention
                    : la réforme de la nomenclature est reportée à 2005 ;
                    la consultation de base du spécialiste est simplement arrondie
                    à 23 € ; quant au CNPSY, l’enveloppe provisionnée
                    pour sa revalorisation laisse tout au plus espérer 1,5 €
                    d’augmentation.  Au
                    cours d’une interview (France 2, 10 décembre à 7 h 50 ) J.-F.
                    Mattei soulignait à quel point le travail du psychiatre est
                    mal reconnu et justifie une revalorisation urgente. En
                    fait, au début des négociations de ces 9 et 10 janvier, RIEN
                    n’avait été provisionné par les Caisses pour l’augmentation
                    du CNPSY. Elles pensaient le maintenir à sa valeur actuelle
                    et ce n’est que de haute lutte que la CSMF a obtenu cette
                    ridicule enveloppe de 26 millions d’euros sur deux ans, correspondant
                    à 35 millions d’euros d’augmentation d’honoraires.  Certes,
                    nos revendications étaient ambitieuses. La consultation du
                    psychiatre à 50 € représente un surcoût pour l’assurance maladie
                    d’environ 207 millions d’euros (en comptant les CNPSY effectués
                    par les neurologues). C’est davantage que ce que les Caisses
                    ont concédé pour la revalorisation de toutes les spécialités.
                     On
                    nous objecte que les Caisses sont vides. Est-il besoin de
                    rappeler que cet argument ne tient pas. Elles l’étaient
                    tout autant quand il a été décidé, sans discuter, d’augmenter
                    la consultation des généralistes à 20 €. Chacun sait que les
                    Caisses sont vides par définition, puisque le principe même
                    du financement de l’assurance maladie suppose de ne les remplir
                    chaque année que du strict montant prévisionnel voté par le
                    Parlement, montant lui même calculé pour entretenir le déficit.
                     Soyons
                    nets ! Dit-on que les Caisses sont vides et qu’il faut
                    renoncer à payer quand l’Etat décide de renflouer la trésorerie
                    de certaines grandes entreprises nationales après que les
                    imprudences, ou peut-être l’incompétence, de leurs dirigeants
                    les ont vidées ? Non, on ne le dit pas. Dira-t-on que
                    les Caisses sont vides et qu’il faut renoncer à payer si,
                    dans quelques semaines, les tensions internationales devaient
                    dériver vers la décision d’engager les dépenses exorbitantes
                    d’une guerre lointaine, comme l’on peut malheureusement le
                    craindre ? Non, on ne le dira pas.  Pourquoi ?
                    Parce que, contrairement à ce que d’aucuns voudraient nous
                    faire oublier, faisant pour cela appel à notre raison, à notre
                    responsabilité, voire à notre éthique, toutes ces décisions
                    sont essentiellement de nature politique, ce qui veut
                    dire que la question des moyens, sans pour autant être négligeable,
                    reste seconde.  Il
                    en va de même de la décision, parfaitement délibérée,
                    de ne pas revaloriser les honoraires des psychiatres libéraux.  Il
                    s’agit exemplairement là d’une décision politique : 207
                    millions d’euros d’augmentation des honoraires des psychiatres,
                    ajoutés aux 452 millions actuels (toujours en comptant les
                    CNPSY des neurologues), c’est un effort financier insurmontable
                    si l’on veut, c’est un budget tout à fait accessible si l’on
                    le décide. A titre de comparaison, le montant annuel porté
                    au remboursement des I.R.S., prescrits à 80 % par nos collègues
                    généralistes, dépasse probablement très largement les 500
                    millions d’euros que dénonçait déjà le rapport Zarifian en
                    1994. A-t-on jamais entendu dire que ces 500 millions là ne
                    pouvaient pas se trouver depuis que cette classe d’antidépresseurs
                    est apparue ?  Mais
                    alors, décision au service de quelle politique ? Et bien,
                    tout simplement, au service de l’ambition depuis si longtemps
                    annoncée qu’elle s’est maintenant presque banalisée, de faire
                    disparaître la psychiatrie.  Nous
                    en avons déjà des signes suffisamment éloquents : réduction
                    délibérée du nombre de psychiatres en formation, invitation
                    répétée de nos tutelles à transmettre nos compétences à d’autres
                    intervenants moins qualifiés, (à vrai dire pas forcément moins
                    coûteux mais peut-être plus dociles), demandes inlassables
                    de justifications « scientifiques » de l’utilité,
                    voire de la qualité, de nos pratiques dans des formes radicalement
                    inadaptées aux réalités cliniques, démédicalisation du secteur
                    médico-social, renoncement au soin des pathologies chroniques,
                    etc… La liste est encore longue des indices qui, tous, mettent
                    en évidence une intention de déloger le psychiatre de sa
                    fonction soignante pour le reléguer dans un rôle d’expert,
                    diagnostiqueur et superviseur des soins. Après tout, il en
                    va déjà ainsi dans de nombreux pays :  pourquoi
                    pas en France ?  Pourquoi
                    pas, certes ! Mais du moins pas sans consulter les patients
                    qui font confiance à la représentation nationale pour qu’elle
                    leur garantisse des soins de qualité, et qui font tout autant
                    confiance aux psychiatres pour défendre leur place dans le
                    système de soins. Mais tout cela s’organise dans le plus
                    total mépris de ceux qu’il est désormais convenu d’appeler
                    les usagers et, quand bien même ces derniers pourraient
                    avoir l’illusion d’être pris en compte par les pouvoirs publics, ce
                    n’est évidemment pas sur les problèmes de fond qu’ils sont
                    consultés.  Dès
                    ce lundi matin, une délégation du Bureau du SNPP s’est rendue
                    au siège de la CSMF pour exiger des explications. C’est là
                    que nous avons appris que les Caisses partaient sur l’hypothèse
                    d’une revalorisation nulle du CNPSY. Il est désormais clair
                    que, sans nous désolidariser de notre centrale syndicale,
                    notre action doit dès maintenant s’amplifier et se concentrer
                    sur les menaces qui pèsent sur la seule psychiatrie. Depuis
                    des années, nous jouons honnêtement le jeu de la Convention.
                    Cela suffit !  Nous
                    sommes accusés de corporatisme alors que nos honoraires, non
                    seulement sont bloqués depuis huit ans, mais qu’il demeurent
                    les plus bas revenus médicaux depuis trente ans. Assez
                    de revendications qui ne permettent que d’obtenir des aumônes
                    indignes. Osons refuser ce qu’il serait déshonorant
                    d’accepter : 1,5 euros d’augmentation, voilà le prix
                    qu’accorde la société à nos patients. Nous ne pouvons nous
                    faire complice de cela. Nous exigeons un CNPSY à 40 euros
                    immédiatement, soit une enveloppe de 50 millions d’euros supplémentaires
                    par rapport à ce qui a été négocié. 50 millions ont été trouvés
                    pour financer l’assurance responsabilité civile de certains
                    spécialistes ; pourquoi ne se trouveraient-ils pas pour
                    les psychiatres ? Serait-ce que nous sommes soupçonnés
                    de ne dispenser que « des soins banalisés et légers »,
                    sans aucune utilité sociale, comme si deux millions de patients
                    nous consultaient sans en avoir besoin. Assez de justifications
                    en pure perte de la psychiatrie privée. Réagissons !
                     Outre
                    nos consignes antérieurs que nous maintenons (grève de la
                    télétransmission et utilisation large du D.E.), nous lançons
                    immédiatement les actions suivantes :  ·        
                    Faxez dès réception de ce courrier la lettre
                    jointe au Ministère de la Santé (fax n° 01.40.56.41.55)
                    et au siège de la CNAM-TS (fax n°  01.42.79.32.99)
                    ainsi qu’au S.N.P.P. après y avoir apposé votre signature
                    et votre cachet. Quand nous aurons reçu un nombre suffisant
                    de courriers, nous pourrons exiger une entrevue avec le Ministre.
                     ·        
                    Retirez-vous
                    immédiatement de tout travail visant à évaluer, justifier,
                    légitimer nos pratiques. Il est désormais clair que tout
                    effort en ce sens ne mène à rien : c’est de l’écrasante
                    demande de soins de nos patients que nos pratiques se justifient
                    et cela doit suffire.  ·        
                    Enfin, inscrivez-vous
                    dès maintenant massivement aux Etats Généraux de la Psychiatrie :
                    ce déferlement d’inscriptions précoces traduira sans équivoque
                    le degré de mobilisation des psychiatres libéraux aux yeux
                    des pouvoirs publics qui observent attentivement les préparatifs
                    de cet événement.  Restez
                    mobilisés ! Nous vous proposerons d’autres actions dans
                    les prochains jours.  Bien
                    cordialement,  |