12 02 03


Coordination des Psychiatres du Val-de-Marne


 

coordination.psy94@laposte.net



Monsieur le Député,

C’est en tant que médecin installé dans votre circonscription que je me permets de vous adresser les motions rédigées par les psychiatres d’exercice privé du Val-de-marne et le conseil d’administration départemental de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF-94).

Au-delà d’une simple revendication catégorielle (dans le cadre des négociations conventionnelles entre caisses d’assurance maladie & les syndicats médicaux), ces textes posent une question de santé publique majeure qui concerne l’ensemble de la population française : 

Quelle psychiatrie souhaitons-nous pour demain ?


Depuis trois décennies 6000 psychiatres (sur 12000 en France) ont une pratique libérale. Ils réalisent 15 Millions d’actes par an, dont les deux tiers auprès des femmes. Ils assurent un travail de prévention, de diagnostic et de prise en charge. Leur travail thérapeutique comporte plusieurs aspects : la prescription de médicaments spécifiques (les psychotropes), un travail de liaison (avec les familles et les institutions) et l’écoute thérapeutique (la psychothérapie). Cette psychothérapie (quelle qu’en soit la référence théorique) ne peut se faire que dans le cadre d’un acte long qui en fait un acte cher par essence. Elle incarne par excellence la dimension humaine de la pratique médicale à l’écoute du malade et de sa souffrance. Avec le recul notre efficacité n’est plus à prouver. Notre travail a permis la diminution du nombre des hospitalisations et l’amélioration du pronostic de la maladie mentale. Il est plébiscité par nos patients qui sont de plus en plus nombreux à nous consulter, malgré notre incapacité actuelle à les recevoir tous.

Aujourd’hui, plusieurs facteurs remettent en cause la pérennité de notre pratique libérale: filière de formation insuffisante pour le renouvellement des générations, formation qui fait fie du travail psychothérapique, et dévalorisation de la valeur de notre acte (34euros30 depuis 1995 sans perspective de revalorisation). Ces mécanismes ne seront pas sans conséquence : diminution notable sous dix ans du nombre des professionnels, redéploiement de leur activité vers une activité purement de prescription par essence plus brève, et risque grave de voir à nouveau les malades s’enfoncer dans des processus morbides invalidants faute d’écoute. La psychiatrie, occupant une place centrale au sein des sciences sociales, son évolution ne peut être une évolution de fait mais doit faire l’objet d’un débat politique. 

C’est pourquoi Monsieur le Député je vous demande instamment d’interpeller Monsieur le Ministre de la santé sur ses choix en matière d’organisation des soins en santé mentale : la psychothérapie est-elle toujours au cœur de la pratique thérapeutique des psychiatres, quelle place doit être consacrée à leur consultation libérale et quelle doit en être sa juste valeur ? .
A    le


 

Retour