180203


COORDINATION DES PSYCHIATRES DU 25


 

exemples de lettres aux politiques



Le Docteur Joseph MINERVINI, Psychiatre Libéral et Psychiatre des Hôpitaux à
temps partiel à l'UCSA de la Maison d'arrêt de Besançon,

à

Madame Paulette GUINCHARD-KUNSTLER, Députée du Doubs et Vice-Présidente de
l'Assemblée Nationale, Ancienne Secrétaire d'État aux personnes âgées

Madame la Députée,

Je suis honoré par votre invitation à la conférence-débat que vous organisez à Besançon le 12.03.2003 animée par Monsieur Claude EVIN, ancien ministre des affaires sociales et de la santé, député de Loire Atlantique sur le
thème : « les besoins de santé sont-ils sans limite ? ».

J'en profite pour vous faire part de mes inquiétudes concernant le sort fait à la Psychiatrie.

Psychiatre travaillant dans votre circonscription, je viens vous informer de la création d'un mouvement national des psychiatres libéraux au travers une coordination nationale venant dénoncer le mépris qui nous est fait par les
accords signés avec la CNAM par des syndicats qui se disent représentatifs.

Les spécialistes non psychiatres ont obtenu une revalorisation de 22% de leurs honoraires, et nous psychiatres n'obtenons qu'une obole d'à peine
4%,( après huit années de blocage en raison de notre refus de signer une convention où la maîtrise des dépenses de santé n'était que comptable ) !
Cela n'est pas équitable et témoigne d'un profond mépris des signataires pour ce que nous sommes et ceux que nous soignons. Il s'agit de souffrance morale que nous accompagnons au quotidien, que nous traitons très loin des indicateurs socio-économiques de rentabilité et de productivité. Il s'agit de l'Humain qui nous livre son intimité psychique, sa détresse, son désespoir.

Vous, dont la formation première vous a permis de bien connaître les Hôpitaux Psychiatriques, ne pouvez rester indifférente à ce mépris qui, à travers nous, rejaillit sur nos patients. Patients également les plus démunis, en milieu carcéral, avec le manque crucial de moyens pour des
équipes pourtant méritantes.



Savez-vous qu'une étude du Samu Social de Paris a démontré que 30% des SDF sont psychotiques, qu'une étude réalisée en milieu pénitentiaire et publiée en Juin 2002 montre que 50 % des entrants en prison souffrent de pathologies psychiatriques? Savez-vous que 700 postes de psychiatres des hôpitaux sont vacants ? Savez-vous que d'ici 10 ans, 30 % des psychiatres prendront leur
retraite et que les projections à 2020, font état d'une disparition de 40 % des psychiatres? Savez- vous que l'offre publique de soins psychiatriques est au régime sec depuis des années? Savez-vous que le délai moyen d'attente pour un premier rendez-vous est de 4 à 8 semaines ? Je vous rappelle le mot de Bernard Kouchner qui disait qu'à l'avenir 25 % des français auront affaire un jour avec un problème de santé mentale. Savez-vous que nous battons un triste record de suicide dans notre beau pays où il ne ferait plus bon vivre ?

S'il ne s'agit pas d'une politique délibérée, il suffit de nous le prouver.
Nous ne sommes pas dupes. Faire disparaître la psychiatrie ne fera pas disparaître la souffrance mentale!

Pour revenir sur le thème de votre débat, voulez-vous parler des limites des besoins ou des limites de l'offre de soins ? Peut on parler des limites du politique qui ne tient pas compte des besoins ? Quand il escamote le débat
démocratique où un problème si grave que celui de l'avenir de la Psychiatrie devrait faire l'objet d'un débat national. Peut on parler des limites auxquelles sont poussées les personnes en grande souffrance psychique ?
Pourquoi veut on limiter le nombre de psychiatres si ce n'est pour des considérations financières ?.etc. J'espère que vous pourrez apporter des réponses à ces quelques questions, tout en pensant aux limites d'un tel débat.

Aussi, Madame la Députée, je vous demande de bien vouloir interpeller à l'Assemblée Nationale le Ministre de la Santé sur cette question cruciale.



Je reste à votre disposition et vous assure, Madame la Députée, de toute ma
considération et de mes salutations les plus respectueuses.





Docteur Joseph MINERVINI

26, rue bersot

25000 BESANCON



docteur@josephminervini.com



Vous pouvez diffuser cette information à des collègues. 


Retour