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24
Février 2003
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Lettre
à votre député
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à
Madame Marie-Josée ROIG
Députée du Vaucluse |
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Madame la Députée, |
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Je me permets d'attirer votre attention sur l'avenir de notre discipline en raison des conséquences désastreuses de la convention médicale qui va nous être proposée à la suite d'accords de principe intervenus entre les caisses d¹assurance maladie et certains syndicats, dits représentatifs, des professions médicales, projet sur lequel vous serez amenés à vous prononcer et à faire part, à l'Assemblée, de vos réflexions, en proposant, le cas échéant, des amendements.
A l¹heure où le suicide, modalité la plus grave des troubles psychiatriques, est dans notre pays un véritable fléau, notamment dans certaines classes d'âge, il faut savoir que de nombreuses études attestent de notre rôle reconnu dans la prévention, grâce à un suivi régulier des patients à risque
(parce qu'atteints de troubles psychiques, momentanément ou au long cours ou ceux qu¹un désespoir existentiel ou social conduit dans nos cabinets). On sait en effet que l'issue suicidaire
prédomine chez les sujets qui n¹ont pas accédé à des soins réguliers.
Dans notre discipline, ces soins doivent être personnalisés et diverses possibilités existent dans l¹arsenal thérapeutique :traitements médicamenteux, soutien psychothérapique, techniques psychothérapiques
multiples, adaptées à chaque patient. Il ne saurait y avoir standardisation et évaluation objective. Or c¹est là une pente vers laquelle on voudrait nous entraîner en démantelant notre pratique, en la standardisant selon des critères plus économiques que cliniques, transformant l'art de la psychiatrie, comme spécialité médicale spécifique, vers la
dispensation de soins standardisés qui n'auraient plus la référence éthique de tout abord clinique. Plus grave on veut, à terme, faire de nous non plus des thérapeutes mais des experts chargés d¹organiser tels des " officiers de santé " une sous-traitance des soins vers des intervenants moins qualifiés et moins rémunérés.
Je vous rappelle que douze années au moins d'études médicales (dont l'entrée est fortement sélective), les nombreux stages hospitaliers, notre formation personnelle, l'expérience acquise auprès des malades qui nous accordent leur confiance, une formation continue (que nous prenons financièrement à notre charge et en plus des heures de consultation)sont de nature à garantir notre compétence sans cesse renouvelée.
Par ailleurs l'un des points essentiels de la reconnaissance de notre profession et du " service rendu " consiste en une revalorisation de notre acte unique, le CNPSY, dont le tarif opposable est resté inchangé depuis 1995 et pour lequel une revalorisation insignifiante (4 fois inférieure à celle des autres spécialités)est envisagée par cet accord!
Je compte sur vous, Madame la Députée pour que vous veilliez à ne pas changer la nature de notre profession en stigmatisant des dérives dangereuses pour nos concitoyens et en vous opposant au texte de la convention médicale tel qu¹il sera prochainement présenté. Aussi, Madame la Députée, je vous demande de bien vouloir interpeller à l'Assemblée Nationale le Ministre de la Santé sur cette question cruciale.
Sachez que si la convention nous est proposée à signer fin mars 2003 dans l'état actuel, beaucoup parmi nous ne pourront accepter d'adhérer à des mesures qui desservent les patients.
Veuillez croire, Madame la Députée, à l¹assurance de mes salutations respectueuses.
Avignon le 25 février 2003
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