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Newsletter 86
du 16-01-04
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Monsieur le Ministre et cher confrère, | ||||
La Coordination Nationale des Médecins tient à ce
que ses 5.000 lecteurs prennent connaissance en même temps que vous-même de
sa réaction aux propos que vous avez tenus au Quotidien du Médecin. Vous avez, décidément, l'art et la manière de faire spectaculairement ce qu'il faudrait éviter, à un moment où, justement, il conviendrait de l'éviter. Quelle idée vous a-t-elle pris de déclarer, à la veille de la reprise des travaux de la Commission DESCOURS, de déclarer d'une part "J'ai suivi les propositions du rapport Berland, approuvées par l'ensemble des médecins : installation de l'Observatoire national de la démographie des professionnels de santé et d'un comité dans chaque région. J'ai contribué à relever le numerus clausus d'une manière très importante : il est passé de 4 700 à 5 100 puis à 5 600.", et, d'autre part :"Le ministre établit un cahier des charges, définit des objectifs ; mais il appartient aux caisses et aux médecins de se mettre d'accord sur les modalités de financement. C'est la négociation conventionnelle. J'espère vivement qu'ils vont y parvenir. Un compromis doit être trouvé. Le financement de la régulation est aussi un problème. Les médecins veulent trois C par heure. Cela fait 60 euros par heure. S'ils régulent quatre heures de 20 h à 24 h, ce qui est le temps d'une vacation, ça fait 240 euros. Or, les praticiens hospitaliers, qui sont de garde durant quatorze heures, touchent entre 205 et 400 euros. Il faut être réaliste." C'est tout à fait agiter le chiffon rouge sous le nez du taureau… Soyons donc… "réalistes" Vos services ne peuvent ignorer que nous avions, au 01 janvier 2001, selon l'Ordre des Médecins : .3230 médecins âgés de plus de 65 ans… 2614 hommes et 620 femmes (19%). Tiens, au fait : comment expliquez-vous qu'environ 2.5% de la population médicale soit encore en activité après 65 ans ? Permettez-nous de vous suggérer une réponse peut-être stupide : PARCE QU'ILS AIMENT LEUR METIER. .Nous avons également 4.860 médecins d'âge compris entre 60 et 65 ans (6.093 hommes et 1767 femmes (22%)), .16.854 d'âge compris entre 55 et 59 ans (12.480 hommes et 4.374 femmes (26%)), . et enfin 39.778 d'âge compris entre 50 et 54 ans (28.270 hommes et 11.508 femmes (29%). Les plus jeunes parmi ces derniers auront 65 ans au plus tard en 2015. Ce qui veut dire que 65 à 67.000 médecins seront à remplacer entre 2001 et 2015 dont près de QUARANTE MILLE entre 2010 et 2015., HUIT MILLE par an environ, en moyenne. " J'ai contribué à relever le numerus clausus d'une manière très importante : il est passé de 4 700 à 5 100 puis à 5.600." dites-vous ? Les étudiants sortiront de Faculté au rythme de 5.000 à 5.500 par an à partir de 2.009-2.010… Les années où 7.000 à 8.000 médecins prendront une retraite… méritée. Est-ce "réaliste", Monsieur le Ministre ? Dans le domaine de la Permanence des Soins, vous dites aussi : " Le ministre établit un cahier des charges, définit des objectifs ; mais il appartient aux caisses et aux médecins de se mettre d'accord sur les modalités de financement." Avez-vous lu la "Charte de la Permanence des Soins", établie par la Coordination Nationale lors de son Assemblée Générale du 30 Novembre 2003 ? Il y est clairement dit que, quoi que vous ayez écrit et décrété, la Coordination Nationale des Médecins considère qu'il s'agit d'une mission de Service PUBLIC, et que le financement doit en être assuré par les Autorités. La Coordination Nationale, dans cette Charte, refuse clairement toute intervention DIRECTE de la CNAM, notamment par son financement, dans l'organisation de la Permanence des Soins. Que les autorités s'arrangent avec l'Assurance Maladie, c'est LEUR problème, et non pas celui des médecins. La participation à la Permanence des Soins étant "basée sur le volontariat" - c'est vous-même qui l'avez dit - nous verrons bien combien de médecins seront volontaires dans les conditions que vous proposez. Et ne nous parlez pas de réquisitions : il existe des textes légaux dont le sens général est que la réquisition doit rester un recours EXCEPTIONNEL, et non pas un mode "habituel" d'organisation… Allez dire à la CGT, à FO, à la CFDT que vous réquisitionnerez "habituellement" les salariés… Soyez "réaliste", Monsieur le Ministre. OU, diable, trouverez-vous vos volontaires ? Vous avez dit enfin : " Les médecins veulent trois C par heure. Cela fait 60 euros par heure. S'ils régulent quatre heures de 20 h à 24 h, ce qui est le temps d'une vacation, ça fait 240 euros. Or, les praticiens hospitaliers, qui sont de garde durant quatorze heures, touchent entre 205 et 400 euros." Vous qui fûtes - et êtes peut-être encore - un salarié des Administrations Hospitalières, vous qui êtes un Ministre chargé de certaines Affaires Sociales, ne savez-vous pas que lorsqu'un salarié perçoit 100 euros "net à payer", sur son bulletin de salaire, il en COÛTE à son employeur sensiblement le double. L'employeur verse directement aux organismes sociaux environ 75 à 80 euros de cotisations sociales, et en dépense 20 à 25 pour fournir au salarié les locaux, l'éclairage, le chauffage, le personnel administratif. Ne savez-vous donc pas que le médecin libéral est son propre employeur et paie LUI-MEME les charges énumérées ci-dessus, donc que sa REMUNERATION réelle est d'environ MOITIE de son "chiffre d'affaires". Lorsque le généraliste réclame 60 euros de l'heure, il lui en restera en réalité environ 30. Ce qui revient à dire, pour reprendre votre manière de calculer, que, s'il touche 240 euros pour une vacation de 4 heures, il ne lui en restera en réalité que 120. Ce qui est du même ordre de grandeur horaire que les 205 à 400 dont vous parlez pour les Praticiens Hospitaliers. Des "volontaires", tant que vous ne vous déciderez pas à les rémunérer correctement, vous n'en trouverez pas beaucoup. Il convient d'être "réaliste"'. Enfin, permettez-nous de vous poser une question dans un domaine que vous n'avez pas évoqué, celui de l'abolition du Secteur 1… ou de la réouverture du Secteur 2, comme vous préférerez… Ou enfin, plus exactement, du chantage que vous exercez sur les médecins pour maintenir "les prix bas", comme dirait un célèbre distributeur d'appareils ménagers "basés sur le contrat de confiance"… CHANTAGE, parce que vous pénalisez les patients de ceux des médecins qui cherchent à reprendre la liberté de leurs tarifs, pour travailler mieux en travaillant moins, ou simplement pour pouvoir investir en matériel adéquat. VOUS, parce que vous avez le pouvoir de faire cesser instantanément cette discrimination moralement injustifiable mais cependant légale entre assurés également à jour de leurs cotisations. Relisez bien l'article L.162.5.10 du Code de la Sécurité Sociale… Pourquoi diable, et au nom de quel "réalisme", n'usez vous pas du pouvoir qu'il vous confère ? Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Ministre et cher Confrère, l'expression de notre considération. |
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