05 04 04

Syndicat National des Psychiatres Privés 


Paris, le 5 avril 2004

lettre du SNPP au Ministre






Monsieur Philippe DOUSTE-BLAZY
Ministre de la Santé et de la protection sociale



Monsieur le Ministre,
Au moment où la réforme de l'Assurance Maladie prend le devant de la scène de l'actualité, nous nous permettons de vous rappeler les problèmes
spécifiques de la psychiatrie, et notamment de la psychiatrie privée.
Il s'agit tout d'abord de l'accès aux soins de nos patients, ces derniers
étant le plus souvent frappés d'un sévère désavantage social dû à leur
pathologie. Nombre d'entre eux n'accèdent pas au monde du travail et, pour
beaucoup d'autres pourtant bien insérés socialement, les moments de
décompensations psychiques s'accompagnent toujours d'un risque important de rupture professionnelle. Le système actuel d'assurance maladie leur offre des garanties de pouvoir se soigner que nous espérons voir persister après la réforme.


L'accès aux soins suppose également un système de soins offrant une capacité de réponse suffisante. Malheureusement, les perspectives démographiques de notre spécialité sont très préoccupantes. En effet, un tiers de l'effectif des psychiatres devrait disparaître d'ici 15 ans si rien n'est fait pour relever significativement le nombre d'étudiants en formation d'ici là. De surcroît, un éventuel transfert de compétence est impossible à envisager dans notre champ, que ce soit en direction des médecins généralistes, déjà bien trop occupés eux-mêmes, des infirmiers, insuffisamment formés depuis la suppression du diplôme d'infirmier en santé mentale, ou des psychologues qui n'ont qu'une formation théorique à la psychopathologie.


Enfin, le dispositif de soins psychiatriques demeure sinistré par la
fermeture insuffisamment préparée d'un nombre considérable de lits
d'hospitalisations à temps pleins qui n'ont pas donné lieu à l'ouverture de
places dans des structures de soins à temps partiels, laissant nombre de
patients à la charge de leurs familles et provoquant une saturation de
l'offre de soins ambulatoire, et donc des cabinet privés.
Au delà de ces problèmes qui frappent tout autant le service public de
psychiatrie que la psychiatrie privée, il convient également de rappeler la
constante dégradation des conditions de travail des psychiatres privés.
Systématiquement dévalué au fil du temps par rapport à la consultation des
autres spécialistes et des omnipraticiens, l'honoraire de consultation des
psychiatres a désormais atteint un niveau tel que, en dépit d'un nombre
d'heures de travail comparable à celui d'un généraliste, le revenu des
psychiatres stagne au bas de l'échelle des revenus médicaux. Au regard du
temps passé en présence du patient (35 minutes en moyenne), de la complexité du travail réalisé et du niveau de formation qui intègre une formation personnelle à la psychothérapie en plus du cursus universitaire, nous considérons que la consultation du psychiatre ne devrait pas être honorée moins que deux fois et demie la consultation du généraliste, alors qu'elle est actuellement à 1,85 fois (37 euros pour le psychiatre, 20 euros pour le généraliste).


La psychiatrie libérale prend en charge deux millions de patients, soit
autant que le service public. A l'heure actuelle, pratiquement l'intégralité
des soins de pédopsychiatrie se réalise dans le secteur médico-social, qui
appartient aussi à la psychiatrie privée. La future réforme de l'assurance
maladie doit donc tenir compte de ces particularités. C'est pourquoi nous
vous serions très reconnaissants de nous recevoir afin que nous vous
exposions plus amplement les problèmes spécifiques de notre exercice dans la perspective de réforme de notre système d'assurance maladie.
Dans l'attente de vous rencontrer, nous vous prions de croire, Monsieur le
Ministre, en l'assurance de notre haute considération.


Jean-Jacques LABOUTIERE
Président de l'AFPEP - SNPP
Yves FROGER
Secrétaire Général de l'AFPEP - SNPP



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